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Découvrez le métier d’ingénieur mécanique – Interview – Abaka

Nous vous proposons de découvrir au travers de cette interview, le quotidien de Pierre, ingénieur mécanique au sein du bureau d’études mécatroniques rennais Cimtech. Zoom sur sa vision du métier, ses projets et ses missions.

 

Pierre Degremont, ingénieur mécanique chez Cimtech - Abaka

Pouvez-vous vous présenter ?

« J’ai débuté mon parcours en tant qu’assistant chef de projet sur des projets liés aux méthodes dans la sous-traitance en tôlerie. J’ai ensuite évolué dans le groupe sur un poste plus technique en recherche et développement dans le secteur des chauffe-eaux solaires. Après quelques années, je suis revenu à mes premiers amours, à savoir les prototypes et les méthodes, en sous-traitance encore. Puis, une expérience en bureau d’études de machine spéciale m’a permis de m’améliorer en conception et gestion de projet, avant d’intégrer Cimtech.

Déjà tout petit, j’aimais fabriquer des choses. Passionné par le bricolage, je me suis orienté vers des études d’ingénieur sur les conseils de mes professeurs de lycée. À la sortie du bac, j’ai intégré l’INSA, une formation comprenant dès le début des modules liés à la mécanique, l’électronique et l’informatique qui me permettaient déjà de réaliser des choses concrètes et d’affiner mon choix.

J’aimais l’informatique, mais j’ai surtout hésité entre l’électronique et la mécanique : je suis quelqu’un de très curieux qui aime toucher à tous les domaines. Mon goût pour la création m’a décidé à m’orienter vers la filière génie mécanique et automatique de l’INSA.

 

Y a-t-il une journée type lorsque l’on est ingénieur mécanique en bureau d’études ?

Il n’y a pas une seule journée type mais plusieurs ! Au quotidien, je suis amené à gérer plusieurs dossiers en même temps ; cela me demande une bonne répartition de mon temps de travail entre les divers projets. Je peux avoir un dossier en phase de démarrage, un en conception, un en consultation et un en montage, ce qui amène une grande diversité. Certaines périodes sont au contraire uniquement dédiées à la conception d’un seul produit ; elles sont plus monotones, mais plus calmes.

 

Comment s’articule un projet qui vous est confié ?

Il y a quelques mois, j’ai commencé à travailler sur un projet d’ampleur lié à l’électroménager avec une réflexion autour de l’hydraulique. Dans un premier temps je me concentre sur la recherche de solutions, notamment pour trouver des composants existants qui répondent aux besoins du client. Si la recherche n’aboutit pas suffisamment, il m’arrive de consulter les fournisseurs pour trouver des solutions qui ne seraient pas présentes au sein de leur catalogue.

Ensuite, je dessine moi-même le reste du prototype en réfléchissant à l’aspect production en fonction du volume et des contraintes du client. Je pars d’une vue d’ensemble grossière, et je précise petit à petit jusqu’au produit final. Cette phase passe par des échanges réguliers avec mes interlocuteurs pour leur présenter mon travail, avoir des feedbacks et leur poser des questions pour mieux cerner leur besoin.

Certains projets nous sont confiés en intégralité, mais il arrive que le client souhaite industrialiser son produit lui-même. Dans ce cas, nous allons nous charger uniquement des dessins. Bien sûr, nous assurons aussi un suivi auprès de nos clients, notamment lorsqu’il doit y avoir des modifications techniques liées au produit.

 

Pouvez-vous nous parler d’un projet sur lequel vous avez travaillé ?

Il y a quelques mois, une entreprise qui produit des machines pour les artisans nous a confié un projet. Notre rôle, en tant que bureau d’études mécanique, était d’apporter un regard neuf et de trouver des idées novatrices pour pouvoir se démarquer de la concurrence, puisqu’ils étaient déjà plusieurs à produire des machines similaires sur le marché.

Nous les avons aidés et accompagnés dans la définition de leur besoin et nous avons commencé à rechercher des architectures de machines qui présenteraient un avantage concurrentiel. Afin de mieux comprendre leurs besoins, nous avons fait une immersion au sein de l’entreprise pour voir comment fonctionnait la machine et émettre nos premières suggestions pour faire évoluer leur processus déjà existant. Après cette phase, le client a décidé d’internaliser la production du prototype de ce nouveau modèle de machine et de lancer une phase d’essai afin de valider la faisabilité du projet.

Nous avons été sollicités pour formaliser l’idée du client, échanger avec lui et lui proposer des esquisses d’idées. C’est souvent à ce stade qu’ils se rendent compte qu’il y a plusieurs façons de faire. Ils apprécient l’œil neuf, qui peut faire émerger de nouvelles idées.

 

Avec qui travaillez-vous au quotidien ?

En interne j’échange souvent avec les différents chefs de projets : on regarde beaucoup ce que font les autres pour alimenter notre curiosité, mais aussi pour nous poser les bonnes questions et apporter un regard neuf. Cela permet aussi de monter en compétences. Nous faisons régulièrement des points en interne avec notre responsable bureau d’études et notre directeur pour faire le tour des différents projets sur lesquels nous travaillons et pour réfléchir à améliorer nos pratiques.

En externe, nous échangeons régulièrement avec les clients bien sûr, mais aussi les fournisseurs et sous-traitants, puisque nous n’avons pas de service achat.

 

Quelle partie aimez-vous le plus dans votre travail ?

J’adore la partie recherche de solutions, lorsque le client nous sollicite et qu’il souhaite mettre en œuvre une idée, ou qu’il se dit « pour répondre à mon besoin je ferais bien un produit comme ça ». À cet instant, il faut transformer son idée en un projet réalisable. C’est un peu comme un jeu de puzzle. Il y a un côté créatif qui me plaît beaucoup ; je m’étais d’ailleurs posé la question de poursuivre mes études vers le design, mais j’ai souhaité rentrer dans la vie active.

 

Quelle est la place des nouvelles technologies dans les métiers liés à la conception mécanique ?

La CAO (Conception Assistée par Ordinateur) a assez peu évolué ces dernières années et j’attends avec impatience l’affichage en 3D : cela fait dix ans qu’on l’utilise pour regarder des films, mais toujours pas au sein des bureaux d’études. Les premières solutions arrivent mais c’est encore peu ergonomique ou très cher. On ne pourrait pas dessiner tout le temps sur un écran 3D car ce serait trop fatigant, mais regarder son objet en 3D permet de voir des choses que l’on ne perçoit sur un écran standard.

Il y a déjà des choses qui se font grâce à la réalité augmentée mais cela reste réservé à de grands groupes, notamment dans l’automobile et dans l’aéronautique. La majorité des bureaux d’études n’ont pas encore la chance d’en bénéficier, mais cela sera utile pour valider les conceptions et « décortiquer » les prototypes.

Sur la fabrication, les professionnels utilisent de plus en plus l’impression 3D : cela permet de travailler en délai court et de se rendre compte rapidement de l’échelle et de l’aspect du produit. Il y a quelques années, l’impression 3D en métal relevait de la recherche scientifique, aujourd’hui c’est certes très cher, mais cela existe. Dans le secteur de l’aviation, ils parlent déjà de réaliser de vraies pièces d’avions en impression 3D.

 

Je pense que les nouvelles technologies ne vont pas nous révolutionner, du moins pas dans le cadre de la typologie de travail d’un petit bureau d’études mécanique, mais elles peuvent vraiment nous aider dans l’élaboration de prototypages rapides.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite devenir ingénieur mécanique ?

La base de tout métier technique, c’est la curiosité. Il faut être ouvert d’esprit, ne pas regarder uniquement dans son domaine d’expertise mais prendre des idées ailleurs. Il y a beaucoup de choses que l’on n’apprendra pas à l’école : en bricolant de son côté, on apprend de ses erreurs et on découvre d’autres techniques. Il faut être capable de s’autoformer, notamment grâce à internet où l’on trouve des vidéos et des tutoriels sur tous les sujets.

Lors de mes études, j’ai réalisé quelques projets avec des amis de ma promotion : par exemple, nous avons construit une voiture de compétition avec un moteur de moto. C’était très ambitieux pour des étudiants mais l’expérience a été riche et m’a fait apprécier la mécanique. L’aspect humain est également important dans ce métier : l’échange avec les autres nourrit notre travail.

J’ai été amené dans mon parcours à me retrouver en période de recherche d’emploi. Je sais que les compétences liées au métier d’ingénieur conception mécanique sont très recherchées par les entreprises, mais les petites structures n’affichent pas forcément leurs offres d’emploi. J’ai été contacté par mes employeurs grâce à des CVthèques où j’avais déposé mon CV. J’ai également bénéficié d’une grande aide de la part de l’APEC qui m’a permis d’être plus cohérent dans ma recherche.

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Pourquoi avoir choisi d’intégrer un bureau d’études mécatronique à taille humaine ?

J’aime mon métier pour la diversité des tâches et des projets sur lesquels je travaille. Je ne suis pas amené à dessiner uniquement des prototypes, contrairement aux grands groupes où l’ingénieur mécanique peut passer des semaines à dessiner la même pièce et à l’optimiser. Chez Cimtech, il y a une vraie culture du partage et on ose se dire les choses, dans un esprit coopératif et bienveillant : c’est une chose que j’apprécie beaucoup.

J’apprécie également de pouvoir jouer un rôle de conseil auprès de mes clients : quand nous les aidons à définir leur besoin, il s’agit autant d’un conseil stratégique que mécanique. Parfois nous ne pouvons pas répondre à leur demande et nous les accompagnons alors dans la recherche d’un autre produit ou service spécifique en externe.

Nous perdons certes une affaire mais nous savons que le client est satisfait. C’est cette démarche technico-commerciale à véritable valeur ajoutée qui me plaît. »